Fukksi, Teekkari et Kyykkä... Vocabulaire
Cet article, je ne sais pas par où le commencer. Il y aurait tellement de choses à écrire. Preuve en est le temps écoulé depuis le précédent. Ce n’est pas par manque de matière que les nouvelles mettent tant de temps à arriver. Au contraire ! Des nouvelles il y en a. Tellement qu’il est dur de trouver une pause assez longue pour venir tout raconter ici.
C’est qu’il s’en est passé des choses depuis la dernière fois. Commencer les cours, gagner les « jeux olympiques » des fuksi du campus, faire mes premiers pas dans un Sauna, participer aux tournois de Kyykkä. Retourner au sauna pour se réchauffer, avoir trop chaud et sauter dans la neige. Chanter faux en anglais au karaoké. Chanter encore plus faux en finnois dans un sauna. Ce n’est pas grave, l’important c’est de chanter fort. Faire une deuxième galette des rois pour « l’international food party », manger de la cuisine traditionnelle chinoise, iranienne, tchèque, mexicaine... en Finlande. Avoir mal au ventre… Acheter un overall, coudre mon premier badge, et l’étrenner au Teekkarisauna…
Bref, vous ne saurez pas tout et pas tout dans l’ordre. Mais je peux au moins vous expliquer la signification de tout ce nouveau vocabulaire finnois !
« Fuksi », futur « Teekkari »
Un « fuksi » c’est un nouveau. Un « premier année » qui devra travailler dur pour obtenir le statut d’étudiant. Tout un programme, on ne devient pas "teekkari" comme ça ! Les taches sont aussi nombreuses que variées et les progrès soigneusement suivis et validés. Précieux tampons dans le précieux "fuksi passport".
Allant de "préparer un plat traditionnel finnois" à "chanter dans un sauna", en passant par "participer à la tournée des bars", chaque étape accomplie rapporte des points. Le but, en récolter 300 avant la semaine du "wappu" au milieu du mois d’avril. 300 "fuksi points", sésames pour obtenir une place dans la nacelle grâce à laquelle les "fuksi" seront plongés dans l’eau froide au centre de Tampere… Température annoncée de l'eau, 8°C. On ne devient pas teekkari comme ça !
Le même jour, les étudiants de l’université recevront leur "teekkari cap" symbole de la TUT. En Finlande, on est fier de son école. On en porte les couleurs, on en suit les codes. Et le port de la fameuse casquette blanche est soigneusement réglementé.
« Overall »
Mais le teekkari cap n’est pas le seul signe distinctif d’un étudiant Finlandais. "L’overall" est au moins aussi important. Cette combinaison, qui comme son nom l’indique, est destinée à être portée par dessus ses autres vêtements, renseigne par sa couleur la "Guilde" à laquelle appartient chaque étudiant. À chaque guilde correspond un domaine d’étude. Omniprésentes, chacune de ces petites organisations possède sa "guilde room" au sein de l’université. Véritable QG dans lequel on se rend entre les cours, pour discuter, boire un café, ou même faire la sieste. Ma guilde à moi s’appelle "Yki"(prononcer "Uki") et correspond aux sciences environnementales. L’overall est vert foncé. J’ai enfin le mien ! Fière !
Loin d’être des costumes folkloriques, les overalls font partie de la garde robe quotidienne des étudiants de la TUT. Grace à eux, plus de casse tête pour choisir ses vêtements de la journée. Enfilés part dessus le jean, la partie supérieur le plus souvent attachée autour de la taille, les overalls sont quotidiennement utilisés.
En plus de permettre de représenter sa guilde, ils sont aussi la vitrine des "hauts faits" étudiants. Des badges peuvent être gagnés, collectés, achetés au cours de tout événement marquant ou reçus en récompense d’un exploit bien particulier, et c'est avec fierté qu'ils sont cousus directement sur les overalls (pas de colle ce serait de la triche). Alors, rien de plus prestigieux qu’un overall bariolé. Recouvert de badges.
« Kyykkä »
Matériel : 80 kyykkä et 4 karrtu (Prononcer « kukka » et « karrrrrtou » en roulant le « r » évidemment)
Conditions météorologique : Neige
Equipement particulier : Overall, boisson chaude. Disons réchauffante.
Joueurs : 4 par équipes
L’overall n’a pas qu’un aspect symbolique. -10°C dehors, tournois de kyykkä. Je suis bien contente d’avoir une épaisseur supplémentaire au dessus de mon pantalon de ski ! Mais qu’est ce que le kyykkä ?
Les kyykkä, sont de petites pièces de bois taillées en cylindres d’environs 7 cm de diamètre pour une hauteur de 10 cm. 20 paires de kyykkä empilés l’un au dessus de l’autre sont disposées aux deux extrémités d’un terrain d’environ 15 m de longueur. Le karrtu est une sorte de batte de baseball. Lui aussi en bois, il mesure au maximum 85 cm de long pour un diamètre de 8 cm.
Placé à une extrémité du terrain les joueurs doivent lancer le karrtu dans le but de balayer les kyykkä de l’équipe adverse et de les faire sortir de l’aire de jeu. Lorsque tous les joueurs ont lancé quatre fois, la manche s’arrête et le nombre de kyykkä toujours présents sur le terrain est compté. Chaque kyykkä apporte 2 points négatifs. 1 seul s’il est sur la ligne. L’équipe gagnante est celle dont le score est le plus élevé.
Véritable institution, la saison de kyykkä est lancée lorsqu’il y a assez de neige sur les terrains… et qu’il fait assez froid pour justifier la consommation de "chocolat chaud". Additionné d’une vodka locale à la menthe, la potion magique s'appelle "Minttu Kaakao" et tout le monde en redemande ! Y compris le juge qui bien que totalement impartiale, ne dira pas non à un peu de réconfort. Et si en échange il pouvait fermer les yeux sur ce kyykkä poussé du bout du pied, réintroduit, par erreur, à l’intérieur du terrain… Alors, on ne serait pas avare de boisson chaude ! Mais attention, la triche est formellement interdite. Surtout pendant la finale au cours de laquelle les adversaires pourraient ne pas apprécier. Dans quelques semaines sur le campus débuteront les « World championships of academic kyykkä ». Les qualifications, c’est du sérieux !
Hors de question de louper ça ! Anniina, Martin, Furkan et moi, la "Ocelots team" est là !
« Teekkarisauna »
-10°C dehors. Tournois de Kyykkä. 16 équipes et tellement forts qu’on arrive en finale. Que finalement nous perdons… Toutefois très contents de nous, l’important maintenant est qu’on ai passé assez de temps dehors pour gagner le droit d’aller se réchauffer dans un sauna.
Certains n'ont pas attendu, prenant d'assaut pour se réchauffer le sauna mobile "made in TUT"! Finissant quand même par avoir trop chaud, les impatients préfèrent finalement remettre le nez dehors. Pas de lac à l'horizon. Qu'à cela ne tienne, pour se rafraîchir les idées, le kyykä se change un moment en une insolite bataille de boules de neiges. Entre l'équipe nue chaude et fumante à la sortie du sauna, et l'autre, bien emmitouflée mais dehors sous la neige depuis 2 heures, je ne suis pas sûre de savoir qui a l'avantage !
Quoi qu'il en soit je ne m'y risque pas, et préfère attendre et me contenter du "teekkarisauna".
Tout le monde sait ce qu’est un sauna. Quant à « teekkari » tout lecteur attentif aura compris qu’il s’agit des étudiants de l’université. Le "teekkarisauna" est donc un sauna réservé aux étudiants. À quelques mètres de l’université, composé d’un sauna et de son vestiaire d’une part, et d’une salle commune et de son bar d'autre part, c’est le lieu idéal pour toute sauna party.
Et en quoi ça consite une "sauna party" ?
Facile : Arrivée sur les lieux. À l’entrée on se débarrasse de chaussures, sacs et autres manteaux, bonnets, gants et écharpes. En espérant tout retrouver à la fin dans cet amoncellement de doudounes. Le tout est de ne pas repartir le premier. Ensuite l’alcool est ici interdit à la vente. Pas de souci. On va acheter des tickets qu’on échange contre la boisson désirée. Rien n’interdit le troc. Musique, danse, conversations chaleureuses. Annimées. La salle est bondée. Ca tombe bien. Il est grand temps d’aller faire un tour au sauna. La première demie heure était réservée aux filles. La seconde aux hommes. Le reste de la nuit est mixte. Et c’est bien là que c’est le plus rigolo. Tout le monde entre et sort si bien que la température finie par être beaucoup moins élevée que les 80°C de départ. Tant mieux il est plus facile de chanter dans une atmosphère plus tempérée. C’est alors qu’entre en scène Rasputin. Tout bon étudiant qui se respecte se doit d’avoir ce petit livre à portée de main. Ce qui apporte un intêret supplémentaire aux nombreuses poches de l'overall. En effet, Rasputin est indispensable dans un sauna. Car dans un sauna, entre deux aller retour dans la neige, on chante. Et pour ceux qui ne les connaissent pas encore par cœur, Rapsutin est là pour souffler les paroles. En anglais ou en finnois, parfois même en polonais. Pas toujours facile de suivre. Mais peu importe la justesse et pas besoin d’articuler. L’important est de chanter, de chanter fort et de surtout beaucoup s’amuser !
Il finit quand même par faire chaud. Direction les vestiaires. Le temps de se rhabiller et la fête peut continuer.
« Teekkarihymni »
Minuit. Tradition oblige, c’est l’heure de chanter the « Teekkarihymni ». On attend l'heure précise...
3, 2, 1, 0 ! La musique s’arrête et tout le monde reprend les paroles en cœur. Trois fois !
Quelques minutes plus tard les résultats des « Jeux olympiques » sont annoncés.
C'était la semaine dernière. C'était beaucoup de froid, beaucoup de rires et des pyramides sous la neige...
Mais ca valait le coup car ce soir nous avons ... gagné !
Champagne et boite de chocolats, la nuit va encore être longue…
Trop pour cet article ! Vous ne m'en voudrez pas, la suite, une prochaine fois !